Face à l’urgence, nos propositions pour un développement durable |
Le préfet de la Manche a tiré la sonnette d'alarme pour la mise en application d'urgence par les collectivités locales du plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés.
L'association AIR depuis plus de 5 ans réclame en vain un traitement des ordures plus respectueux de l'environnement que l'incinération. Ses membres combattent un procédé coûteux et risqué et s'efforcent de provoquer une large réflexion sur le sujet.
Le site http://association.air.free.fr a été mis en place pour développer davantage ses points de vue et susciter le débat que mérite le sujet. Depuis sa création, l'association AIR propose des alternatives à l'incinération des déchets ménagers. Loin d'être les révolutionnaires que certains ne manquent pas de décrire au public, les membres de l'association proposent des idées assez raisonnables pour être reprises par le plan départemental de la Manche.
Nous souhaitons le développement de la collecte sélective, avec tri et valorisation matière. Les 50% de déchets valorisés nous semblent un objectif des plus raisonnables et l'élimination des décharges non pas "sauvages " mais non contrôlées est une évidence. La loi est très claire sur le sujet, on ne peut amener en décharge que le résultat d'un tri des ordures. Les déchetteries sont nécessaires et l'objectif d'une déchetterie à moins de 10 à 15 km de chacun est une très bonne chose.
Par contre, le sort des déchets ultimes doit être revu. Si les moyens manquent pour traiter les déchets ultimes et sont insuffisants aujourd'hui, c'est qu'on n'a pas su prendre en compte l'évolution catastrophique du volume de nos ordures. Il y a longtemps qu'il aurait fallu intensifier la réduction à la source des déchets, le tri sélectif et abandonner l'idée que les ressources en matières comme en énergie sont inépuisables.
Les industriels eux-même en sont arrivés aujourd'hui à considérer les ordures comme un gisement très précieux et une source de profits. Nous partageons ce point de vue mais souhaitons que la collecte sélective se fasse dès la sortie des maisons et non dans le tas de mâchefers de l'UIOM. On économisera beaucoup d'argent, procurera plus d'emplois locaux ( en particulier aux gens formés à Coutances pour ces métiers ) et échappera au risque de la dioxine. Le préfet se veut rassurant sur le sujet, précisant que " les usines d'incinération, avec les normes actuelles, sont tout à fait fiables et sans rejets de dioxines. " Les normes actuelles sont en vigueur depuis quelques années et les dernières statistiques publiées par le ministère de l'environnement sont moins optimistes que le préfet. Beaucoup d'UIOM dépassent les valeurs prescrites par l'Union Européenne et doivent s'efforcer de diminuer les rejets. Pourquoi s'entêter à installer une usine dont les rejets en dioxines ne seront contrôlés que rarement ( renseignez-vous sur le coût de l'analyse et sa fréquence ) et limités qu'au prix d'efforts financiers considérables.
" Enfouir les déchets dans le sol n'est pas la meilleure solution " poursuit le préfet et nous sommes d'accord avec lui. Seulement il oublie de rappeler que l'incinération produit des déchets qui doivent être enfouis en décharges contrôlées : le contenu des filtres de fumées ne peut aujourd'hui être utilisé et doit aller vers des décharges de classe I ( il n’y en a pas dans le département ) et les mâchefers qui sortent du four peuvent difficilement passer pour un produit d'usage facile lorsqu'on sait que le rapport du sénat indique qu'une bonne moitié ne trouve pas d'acheteur pour la valorisation. On ne peut donc pas dire que " l'incinération élimine vraiment les déchets. "
De tout cela il ressort que la solution la moins risquée et la plus porteuse de développement durable est aussi la plus difficile à mettre en place : le tri plus poussé des déchets, la mise en place d'une collecte plus individualisée, plus sélective et la limitation du volume de déchets mis en décharge de classe II. Cette politique résolument volontariste, très contraignante est la seule qui préserve l'avenir. Ce n'est pas une utopie puisqu'elle a déjà été mise en place par des collectivités locales de taille comparable à l'agglomération cherbourgeoise. Le dossier de la Communauté Urbaine Creusot-Monceau en est le témoignage que nous soumettons à votre réflexion. Il montre une usine d’un coût de 20 fois inférieur à l’UIOM projetée et qui emploie aujourd’hui plus de 40 personnes. Avec une capacité doublée pour répondre à nos besoins ou 2 usines ( une dans la CUC et une plus au sud…) ces chiffres seront à revoir et supporteront sans problème la comparaison avec le projet actuel ( plus de 300 MF et une vingtaine d’emplois…).
Ce type de traitement des déchets permet d'envisager l'avenir plus sereinement puisqu'il peut facilement s'adapter à la diminution des tonnages récoltés que chacun souhaite. Il est également à l'abri d'une remise en question par un renforcement très probable des normes actuellement en vigueur. Ce sera un investissement moins élevé et plus durable. Il est effectivement urgent d'agir et de trouver une solution au problème de nos déchets
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AIR le 19 novembre 2001 |